Mais nan, je ne vous parle pas aujourd’hui de filles fans d’aspirateurs... ni d'asperges !
Le syndrome Asperger a été découvert en période de seconde guerre mondiale puis, il est timidement abordé depuis les années 80. Tony Attwood psychologue spécialiste a contribué à l’information plus massive, avec la parution de son livre Le syndrome d’Asperger et l’autisme de haut-niveau, qui fut traduit qu’en 2003, en France. De nos jours, le cliché de l’homme « idiot savant » va encore bon train. Lorsque j’étais prof de langues en Angleterre, il y a une dizaine d’années, nos formateurs avaient des indices de repérage à nous donner, ainsi que des astuces et des outils d’accompagnement pour nos élèves diagnostiqués "Aspi". Toutefois, on nous disait que ce syndrome était typiquement masculin donc on s’occupait bien des garçons détectés, au sein de la classe ... ces fameux qui collectionnent les papillons ou les petits trains. Cela signifiait aussi qu’on ne prêtait pas, ou prou, d’attention aux filles qui elles aussi, par exemple, souffraient d’anxiété. On pouvait reconnaître leur dyspraxie, dyslexie, dyscalculie mais, on avait tendance à les oublier dans le repérage du syndrome d’Asperger (des fois qu’on s’aperçoive qu’elles avaient finalement du génie ?!) Le système scolaire anglais a au moins le mérite d’adapter les programmes et pédagogies pour les enfants surdoués et/ou, fonctionnant avec un handicap invisible. Ainsi, chaque établissement scolaire est pourvu en une équipe spécialisée, dont la fonction est:
Une fois le CAPES obtenu par la suite en France, j’ai constaté le retard de notre système scolaire, qui a encore du mal à adopter une communication et pédagogie positives, alors qu’on tirerait ainsi, vers le haut, tous les acteurs de la communauté éducative. Le surdoué qui s’ignore va donc passer sa scolarité à ne pas pouvoir être totalement lui-même, à refouler ses émotions et sa créativité, tentant de s’adapter à des exercices qu’il trouve simplistes et inutiles. Les filles Asperger à haut potentiel, présentent des caractéristiques bien loin du classique surdoué autiste qu’on nous balance volontiers, encore de nos jours, à travers des "Geeks" prodiges de l’informatique, comme Bill Gates et Mark Zuckenberg ou, le personnage du film Rain Man, incarné par Dustin Hoffman. Habituées à se sentir différentes et décalées, les filles Asperger ont bien souvent excellé dans l’art du camouflage … Effectivement, elles cachent (liste non-exhaustive) :
Elles comprennent, au fur et à mesure, que leurs comportements agacent, dérangent, déstabilisent alors, elles vont faire de leur mieux pour se fondre dans la société, afin d’être acceptées. Elles développent ce qu'on appelle un "faux-self". Cette Aspergirl, que certains nomment aussi Zèbre, a envie de se faire des amis, de créer du lien social, de prendre plaisir à passer du temps, avec autrui. Elle fait de gros efforts car secrètement, ce qu’elle kiffe par dessus tout, c’est rester sous la couette, à boire une tisane fraiche du jardin, à écrire, dessiner, jouer du piano, sculpter, danser, en compagnie de son chat avec qui, elle n’a effectivement pas besoin de mots car l’amour inconditionnel ne s’explique pas : il EST, tout simplement. L’absurdité du monde humain la désespère, elle qui adore profiter d’instants si précieux avec la nature, à exprimer et créer la vie au quotidien. Les personnes autistes et le lien avec les animaux est une combinaison gagnante : ils semblent se comprendre parfaitement, au niveau de l’indépendance, de la joie, de l’acceptation & du respect. La fille Aspi reste solitaire. Ses camarades l’ennuient, elle préfère suivre les conversations d'adultes qui lui semblent bien plus intéressantes et nourrissantes, intellectuellement. Elle aime passer des heures à rêvasser, chanter, écouter de la musique, faire de la danse... Elle aimerait pouvoir diffuser tout ce qui la traverse dans ce cerveau hyperactif : pensées arborescentes, tiroirs d’idées, envies artistiques, projets créatifs… Cette soif infinie d’apprendre, de maitriser un sujet et, de le comprendre précisément. Elle a le sens du détail, c’est perceptible par tous les sens chez elle ! Elle peut paraître froide, hautaine, distante, alors que dans son for intérieur, les émotions se bousculent, elle se sent secouée comme dans une machine à laver, elle ne sait plus ce qu’elle aurait du dire, faire …Elle a le sentiment qu’elle ne sera jamais reconnue pour ce qu’elle fait; elle n’en fait jamais assez. Elle a souvent ce sentiment de culpabilité et de honte, se retranchant alors encore plus dans sa solitude. Les soirées alcoolisées apportent aux Aspergirls un semblant de socialisation dans leur jeune vie d’adulte. Pour elles, tenter d’anesthésier l’exposition à la souffrance sonore, luminaire et énergétique est devenu un moyen de se fondre dans la masse. Multiplier les mondanités et les environnements hostiles n'est évidemment pas du tout ce qui aide! Les Aspergirls se mettent donc davantage en danger et elles sont les proies faciles d’agresseurs sexuels (3/4 d’entre elles seraient victimes d ‘abus). Elles manquent de compréhension des codes sociaux donc, il est extrêmement important que son entourage lui dise depuis petite, ce qui est n'est pas acceptable pour l'intimité de son corps. Il est nécessaire de la mettre en garde sur les comportements abusifs et sur les situations à risques. Comment les aider en tant que parents ? Repérer, s’informer, accompagner, soutenir et ce, dès le plus jeune âge. C’est à vous de vous investir pour savoir quel type de système scolaire et d’activités ludiques, lui conviendraient le mieux, afin qu’elle se sente rassurée, protégée et libre d’exprimer sa créativité. Des tests sont en ligne, notamment celui du psychologue Simon Baron-Cohen (Cambridge Autism Research Centre), afin de donner des indications. Ils ne remplacent pas un diagnostic. Les CRA en France, sont spécialisés : contactez celui de votre région pour plus d'infos. L’association INPACTS peut également accompagner. De plus en plus d’adultes découvrent que leur cerveau est atypique et qu’ils présentent des traits autistiques. C’est certainement à cause du retard des repérages et diagnostics. Mettre un mot sur leurs maux depuis l’enfance les soulage mais, c’est aussi une autre paire de manches que d’être compris et soutenu par l’entourage. Il reste beaucoup de travail à faire pour que les atypiques et les autres puissent se rencontrer, se retrouver et s’aimer sereinement. La question de l’autisme féminin est principalement traitée, de nos jours, par Laurent Mottron, professeur en psychiatrie à l’Université de Montréal. Ce chercheur français s’est expatrié effectivement au Canada depuis plusieurs décennies, reprochant à la France d’aborder les problèmes neuro-cognitifs avec la psychanalyse : « La psychanalyse n’a à peu près rien à dire sur l'autisme, je ne suis même pas sûr qu'elle ait à dire sur autre chose ». Vous pouvez retrouver son intervention dans l'émission LA TETE AU CARRE sur France Inter, d'octobre 2016. Cet homme moderne et iconoclaste a postfacé le livre d’Alexandra Reynaud, sorti en 2017: Asperger et fière de l’être (Ed. Eyrolles) . Vous pouvez d’ailleurs retrouver énormément d’informations, les Aspies, sur son blog Les tribulations d’une Aspergirl ! Alexandra a effectivement découvert son haut potentiel d'Aspie, une fois adulte et ses écrits ont aidé de nombreuses autres personnes.... Et vous, connaissez-vous des filles ,des femmes Asperger? Comment pouvez-vous les accompagner?
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!!!IMPORTANT!!! Mes suggestions holistiques sont à but relaxant et hygiéniste. Elles ne se substituent pas à l'avis et aux traitements de vos médecins.
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